"D’abord on creuse une énorme fosse de cinq mètres de profondeur… des pompiers arrivent… ils lavent les maisons des fondations jusqu’au toit à coup de lance d’incendie pour ne pas soulever de poussière. Les fenêtres, le toit le seuil… tout… Et puis une grue soulève la maison et la dépose dans la fosse… les livres, les poupées, les bocaux de verre gisent par terre. Une pelleteuse repousse tout dans le trou puis on le comble avec du sable, de l’argile et l’on dame la surface. A la place du village, il n’y a plus qu’un champ. Et dessus on sème de l’orge. Notre maison est enterrée là-bas. Et aussi l’école et le bureau du village… mon herbier et deux albums de timbres. Je rêvais de les récupérer, j'avais un vélo..."
Le texte est extrait de La supplication : Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse (Svetlana Alexievitch, Edition J’ai Lu). Témoignage de Loulia kasko, 11 ans.
Le témoignage de Loulia m'a beaucoup impressionné parce qu'il est dit au présent de l'habitude... Je l'avais déjà utilisé dans une installation précédente : Murmures (2009). Il m'a semblé qu'après les événements de Fukuschima, cette temporalité-là était plus que jamais d'actualité.